Luther préconise une période préalable “d’échauffement”. Les expressions “échauffer le cœur” jusqu’à ce “qu’il soit bien disposé”, “qu’il ait envie” se trouvent à plusieurs reprises dans cette lettre. La lettre tout entière n’est, en fait, qu’une instruction pratique et détaillée à cet égard; l’étude de la Bible ne doit être entreprise qu’ensuite. Elle se termine par l’affirmation que “celui qui fait ainsi peut utiliser un chapitre de l’Ecriture à la manière d’un briquet pour embraser son cœur”. Veillez à ne pas être trop exigeant afin que votre esprit ne se fatigue pas. Une bonne prière n’a pas besoin d’être longue ou prolongée. Il est préférable qu’elle soit fréquente et ardente.”
Son contenu ? Nos besoins et nos préoccupations personnelles ? Non ! Luther répond : “Commencez par les Dix Commandements.” Luther les prie; il ne les récite pas à toute vitesse. Comme ancien prêtre catholique romain, il a beaucoup à dire contre l’amoncellement “des vaines paroles” (Mt 6:7), le bavardage, le babillage et le papotage qu’il compare à des bulles de savon. Pour éviter cela, Luther considère un seul commandement à la fois, “afin que mon esprit soit aussi désencombré que possible avant de prier”. Vous pouvez prendre aussi la prière de jésus. Voici comment Luther partage avec son barbier sa façon personnelle de formuler une prière libre: Je fais de chaque commandement une guirlande de quatre brins tressés ensemble. En d’autres termes, chaque commandement est d’abord un enseignement – ce qu’il est effectivement – et je réfléchis à ce que le Seigneur me demande si sérieusement. Chaque commandement est, en second lieu, un sujet de louange; en troisième lieu, une confession et, enfin, une requête. Telle est la prière selon Martin Luther. Elle ne consiste pas seulement à supplier, réciter et parler, mais aussi à apprendre, méditer, analyser avec minutie et acquérir ainsi la perspective de l’éternité.
Il arrive souvent que je me perde dans des pensées si riches (littéralement, que “mes pensées partent en promenade”) à propos d’une des demandes du Notre Père que j’abandonne les six autres. Quand il en est ainsi, il faut laisser de côté les autres prières et accueillir ces pensées, les écouter en silence et ne les réprimer en rien. C’est le Saint-Esprit lui-même qui prêche et un seul mot de son sermon vaut mieux que les milliers prononcés dans nos prières. J’ai ainsi plus appris dans une seule prière que par beaucoup de lectures et de réflexions.
Extrait : « Tirée d’une lettre à son barbier » Martin Luther
Proposé par Jonathan Yoder